Père criminologue
Il se croit clever. Très clever. Il me provoque. Avec, bien sûr, l'espoir d'une riposte. Il espère me mettre en difficulté. Lui dévoiler mon point faible. Lui, il sera le héros, alors.
Alors, lui ! Une espèce banale de héros, nourrie par la rébellion traditionnelle française. Une rébellion de coq. Non pas une révolte – de tigre ou de requin. Une rébellion – belle et ridicule ; ridicule et belle.
Il s'attaque à mon père. Criminologue de sa profession.
Hypocrite, il me dit son admiration pour ces gens-là, de cette espèce-là. Être criminologue c'est non seulement connaître le criminel, mais le comprendre. Le comprendre avec mesure. Il faut éviter de trop comprendre le crime. Pour ne pas tomber dans le piège. Voyez-vous !
Cela paraît plutôt bien réussir à mon père, qu'il dit. Pour combien de temps, cependant ? Le crime possède un pouvoir de séduction particulier. Sinon, comment interpréter la quantité croissante des actes criminels dans le monde ? La croissance démographique n'est pas une explication satisfaisante.
Cela étant, le criminologue joue avec le feu. Il peut devenir criminel lui même ; une fois le crime compris.
De surcroît, on a le droit d'imaginer un Criminologue-Dieu qui flaire, bien sûr, le crime mais qui ne se prive pas de le provoquer à l'occasion lui-même. Qui joue avec et qui remet le non-criminel à sa place de victime potentielle consentante, d’agneau stupide.
« Mais qu'est-ce qu'il va faire, ton vieux face au suicide ? », me dit cet idiot que je vais mater d'ici peu. « En quoi sera-t-il encore Dieu devant un suicide ? En sera-t-il capable ? « Éééé, tête illuminée, malheur à ta tête ! »
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