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Présentation

  • : Alexandre Papilian
  • : Ne pas être seul dans la proximité de la création. - Partager ce qu'on peut partager pendant la lutte avec les ombres - pendant la danse avec. Personnalité(s) forte(s) et inconfondable(s), se faire intégrés dans des communautés riches en névrosées, bien intégrées dans le monde actuel.
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  • Alexandre Papilian
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 07:51

Sperme-test, jonction suspecte

 

 

Mireille a pris rendez-vous pour moi au labo. Ceci après avoir vu des gynécos et des obstétricos. Que je fasse le test de ma fécondité. De la fécondité de mon sperme, bien entendu.

Elle veut voir si on pourrait avoir des enfants ensemble. Elle veut qu'on fasse un enfant.

Elle fais ses testes aussi. Chose inutile autant pour elle que pour moi. Moi, j'en ai déjà deux enfants. De mères différentes. Coralie, ma très jolie fille. Dix-neuf ans. Hugo, mon garçon. Seize ans. Un futur vrai mec.

Mireille, non. Elle n'a rien, comme elle se complaît de se plaindre. C'est elle qui porte la stérilité, pas moi.

Pour autant, discipliné, je me présente au labo. Je suis pris en charge par une bonne femme de taille moyenne, voire petite. Un peu rondelette. Brune à la peau de craie. Baisable – à la rigueur. Inquisitoriale : avais-je des enfants ? deux ? alors, pourquoi faire le teste ? (sous-entendu : ne serais-je pas un peu pervers ?) ah, bon ; il s'agit d'une autre femme ; ça peut se comprendre.

Seul dans le cagibi, avec une revue porno très utilisée (elle est vieille, je pense, de dix ans) et avec le petit gobelet destiné à recevoir mon sperme, je me branle. Sans trop d’enthousiasme.

Je m'imagine la bonne femme attendant derrière la porte le résultat, mais que dis-je, le produit de ma branlette. Regretterait-elle ce gâchis ? Aimerait-elle venir me sucer ? Se débarrasser de sa petite culotte ? M'offrir sa vulve ? Gémir sous ma pression ? S'orgasmer ? Ou le contraire ? Aborderait-elle une expression d'ennui ? Une expression de dégoût ? Ou, encore, penserait-elle aux courses à faire après le programme ? Aux soucis que lui provoque son mari, un de ses enfants, un de ses proches, le banquier, le stomato, le fisc, une définition de mots croisés ? Comprendrait-elle la fragilité virile qui s'est emparée de moi, qui me domine dans ces moments ? Je me fais violence – je me viole – d'une manière disciplinée. Avec un grand sentiment, avec un grand savoir d'inutile. Et pour cause. Mireille n’enfantera jamais. Y a pas moyen !

Je sors plus ou moins victorieux du cagibi, le flacon à la main. La bonne femme me sourit d'une manière férocement neutre. Elle n'est qu'une employée bien blindée.

Je suis déçu, vous voyez bien.

De retour à la maison, je trouve Coralie, ma fille, et Mireille, ma femme, papotant dans la cuisine.

Dans ma tête, la jonction entre ce que je viens de vivre et la présence de ces deux femmes dans la cuisine et dans ma vie devient suspecte. Étrangement suspecte. Plus que suspecte.

 

Blog : www.alexandre-papilian.com/

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