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  • : Alexandre Papilian
  • : Ne pas être seul dans la proximité de la création. - Partager ce qu'on peut partager pendant la lutte avec les ombres - pendant la danse avec. Personnalité(s) forte(s) et inconfondable(s), se faire intégrés dans des communautés riches en névrosées, bien intégrées dans le monde actuel.
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  • Alexandre Papilian
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 08:33

 

 

 

 

La fille de la tondue

 

 

     Certains disent comme quoi il existerait quelque chose avant la naissance. Notamment, une âme qui aurait vécu et qui attendrait sa nouvelle forme terrestre, une âme qui choisirait d'une certaine manière le couple destiné à l'accouplement fusionnel :

     - Qui allait procéder à la fécondation reproductrice-physiologique-formelle-et-formatrice.

     Avant de procéder à la fécondation mortelle/vitale. Mortelle, pour les cellules initiales. Vitale, pour la cellule résultante.

     - Qui allait s'y perdre.

     Ma mère a été une tondue. Mon père, lui, a été bien entendu, un militaire allemand. Quant à moi, je n'ai pas d'enfants, moi. Ils ne veulent pas de moi, les gamins. Ils ne veulent pas me choisir.

     - Je n'ai aucun souvenir concernant le choix que j'aurais fait avant qu'ils ne couchent ensemble et qu'ils me (pro)créent, ma mère et son boche.

     Ma mère, avec sa tonte, m'a fait beaucoup souffrir. Longtemps j'ai cru que c'étaient les autres qui me torturaient. Mais au fond, c'était elle.

     - Elle !

     Qu'est-ce qu'elle a fabriqué, qu'est-ce qu'elle a fricoté, qu'est-ce qu'elle a foutu avec le Fritz ?

     Elle a mangé du chocolat, du sperme et de l'allemand – avec lui.

     - Vous n'allez pas me dire qu'elle n'a pas été une pute.

     Sinon, pourquoi la tondre ?

     Pourtant, il m'a « reconnue ». (M'a-t-il « connue » pour autant ? Aurait-il connu ma mère ? Se serait-il connu lui-même ?)

     - Je porte son nom.

     Le nom de l'allemand. Un nom allemand. Je suis une allemande. (C'est quoi ?)

     - J'ai un père.

     (C'est quoi ?)

     Excusez du peu.

     Il n'existe pas dans les archives d'Outre-Rhin. J'ai son lieu et sa date de naissance sur mon acte de naissance. Mais ça ne correspond à rien. Il n'existe que dans mon acte de naissance, le Karl Schmidt né à Munich, le 22 septembre 1918. C'est mon acte de naissance qui le fait exister. S'il n'y avait pas ma naissance, il n'existerait même pas.

     - Mais comme ça, non, meuh, il existe.

     Il existe aussi dans les cheveux coupés de ma mère.

     Elle m'a aimée comme une tondue. Elle m'aime toujours. De la même manière. Sa vie s'est arrêtée quand on l'a tondue.

     - Elle s'est arrêtée en moi.

     Elle n'a pas pu descendre plus que ça.

     Moi – pré-âme ou vide pré-natal –, je suis arrivée dans ce monde, sur cette terre pour ne pas avoir d'enfants, moi. Et tant pis ! Ou tant mieux, qui sait ?

     - Qui ?

 

Blog : www.alexandre-papilian.com/

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