Haïku
Le Haïku est une forme fixe de poésie, inventée par les Japonais. 17 syllabes, trois vers, une référence obligatoire à la nature.
Lors des tournois du Club, les pauses qui s'imposent (pardon pour pauses/imposent, rime intérieure, mais nous sommes en plein dedans – je veux dire, dans la poésie ; ou non ?), pendant ces pauses, donc, on a à peine le temps d'avaler quatre, cinq taffes d'une cigarette qui n'a plus de goût depuis la loi qui rétrécit de plus en plus la liberté, voire l'existence des fumeurs.
C'est presque l'intervalle nécessaire pour bien lire et goûter un « instant » de type Haïku. C'est aussi parfois le temps de le créer.
- Le Haïku, je veux dire.
Dire.
Cela s'est passé aujourd'hui. Émilie Gros, soixante-dix années bien soignées, en répondant à une question aimable de mon partenaire, Raoul Valois, à parlé comme suit :
- Ma petite fille a peur de dire à sa mère combien son père lui manque.
En traduction haïku-ienne, ça donne :
Ma petite fille a peur de dire à sa mère
combien lui manque
son père.
Tout est dit dans cette phrase/poème. Enfin, sinon tout (la nature n'y est pas), beaucoup.
Ce qui n'est pas dit, pour autant, c'est l'expression vocale-sonore, faciale, corporelle, comportementale d'Émilie Gros.
- Inquiétude pour sa petite fille, mais aussi pour sa fille, plus une fine satisfaction quant à l'échec personnel de sa fille/concurrente et, par conséquent, une subtile satisfaction à l'endroit de sa propre supériorité par rapport à sa fille, à sa petite fille, au monde, à l'Univers.
Cela ne l'empêche pas de jouer « à l'italienne1 », comme un cochon, comme un âne, l'Émilie Gros.
- Elle est convaincue pourtant du contraire.
Du.
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1 L'expression française est « comme un pied » ; la roumaine, « comme une botte ». Pied, botte, l'Italie n'est pas loin. On peut donc jouer « à l'italienne »...