Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 27
Lucie et moi, nous sommes dans le sentiment. N’avons rien à nous dire. Avons par contre beaucoup à partager. Par des sens silencieux. Avons beaucoup à (nous) sentir.
Se cache, en faisant venir à elle le monde extérieur. Je la sens. Je la sais. Je la vis.
Elle croit s’y trouver, là, dehors.
Nous sommes tous munis d’une faculté très subtile, discrète d’infra-perception.
Je le crois. Je le sais. Je le vis.
L’être humain se heurte aux parois intérieures de la boule qui l’enveloppe. L’être humain projette sur « la vision du monde », ineffable, sublimée, invisible, illusoire, voire inexistante, ses propres désirs et valeurs, ses propres instincts. Le cas de Lucie se montre encore plus tordu que le mien. On ne peut pas regarder le monde de la même façon avec l’aide d’un œil émeraude et l’autre or. Avec cette particularité, Lucie s’est forgée une métaphore existentielle, une métaphore (de) vaironne, différente de celle du troupeau/meute : la vision reçue ne se superpose pas sur celle conçue ni sur celle voulue.
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Le voulu en étant inimaginable, impossible de l’obtenir avec des images ; le résultat en étant une vision instable et incertaine, composée. Pour simplifier, disons que le regard de Lucie et ses modalités de s’approprier le monde évoquent le regard d’une mouche, composé avec des yeux composés…
Avec ses yeux bicolores, Lucie est venue voir la mort, donc. Me voir.
Lucie la mouche !
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Je joue. Je joue un rôle. Le rôle du cadavre à mouches. C’est aussi ma fonction. J’apprends à la petite ce qu’est le Grand Passage, notion ambiguë, désignant tantôt le passage vers l’au-delà, tantôt le passage de l’au-delà vers ici. Bref, ma vie.
La confusion est de plus en plus présente et... active, dans ma tête au cerveau à ciel ouvert... là, ici ; « dans », « là », « ici » que je ne capte pas.
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