Les plus jeunes, ce sont deux jumeaux ni black ni white. Tous les deux, trisomiques grave. Leur mère, une folichonne, est morte quelques mois après leur naissance.
- Quelque part en Afrique Centrale.
Le père, profondément inconnu.
- Les parents de la mère sont, eux, deux personnages malheureux.
Le père est grand, gros, mou et dépressif. La mère est grande, grosse, molle et dépressive. Il a un cancer de la prostate, boit, pleure et, de temps en temps, bat sa femme. Elle a un sein cancéreux, boit, crie et, de temps à autre, bat son mari.
Ces deux-là, les parents de feue la mère des jumeaux ni black ni white, donc, sont malheureux. Deux personnages malheureux.
Ses parents à lui sont encore en vie. Ses parents à elle, je n'en sais rien.
Ils sont très vieux, les vieux. Ultra-vieux.
- Ce qui n'est pas le cas des deux parents – lui, grand, gros, mou et dépressif, elle grande, grosse, molle et dépressive – de feue la mère des deux jumeaux ni black ni white.
Je suis un peu mal-à-l'aise:
Ils travaillent, les grands-parents des enfants. Il n'ont ni le temps, ni l'envie de s'occuper de leurs petits-enfants ni black ni white, handicapés et malades, abandonnés à l'Afrique et, maintenant, à la France, à la vie par feue leur mère et par leur inconnu de père.
Ce sont leurs arrières grands-parents, les ultra-vieux, qui s'en chargent, qui s'en occupent.
- Et ils jouent aussi au bridge.
Ce sont des Justes, ces arrières grand-parents.
Ils étaient des philo-allemands. Pas des philo-nazis. Ils ont fait double jeu. Ils ont survécu au massacre d'Oradour sur Glane.
- Ils ont sauvé une bonne dizaine de Juifs.
Il n'en font pas tout un fromage.
- Ce sont les autres membres du Club qui m'ont rapporté leur passé.
Ils sont traités « normalement », non pas comme des héros. Pourtant, on ne les approche pas trop. Je sens qu'ils sont seuls. Seuls, dans leur passé et dans leur présent.
- Ils ne sont pas tout à fait normaux.
Au jeu, ils sont assez lents. Vieux. Très-très. Ils attendent paisiblement la suite.
Ils ont l'air plutôt serein. Dieu seul pourrait pour autant dire ce qu'il y a dans leurs âmes. Je n'ai aucun sentiment à leur endroit, moi. Ni bon, ni mauvais.
- Simplement, ils m'énervent.
Je pense qu'ils sont vraiment bons, eux. Ce qui me fait une belle jambe. Je m'en balance ! Eux – eux, je m'en fiche ! Ils n'ont qu'à être bons jusque par dessus leur tête, jusqu'à Sirius, jusqu'à Jésus, Son Père et au-delà de tout.
- Ce qui m'énerve, c'est moi.
- Je ne suis pas bon, moi.
Nous ne sommes pas bons, nous.
Pas du tout. Mais du tout. D'hyper-tout.
- Même si j'en ai grand besoin.
- Même si nous en avons grand besoin.
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