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  • : Alexandre Papilian
  • : Ne pas être seul dans la proximité de la création. - Partager ce qu'on peut partager pendant la lutte avec les ombres - pendant la danse avec. Personnalité(s) forte(s) et inconfondable(s), se faire intégrés dans des communautés riches en névrosées, bien intégrées dans le monde actuel.
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  • Alexandre Papilian
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !
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6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 08:01

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 9

 

Voilà !

Ces voix trans-historiques/trans-géographiques me troublent. Les voix bourdonnées, parfois assourdissantes des masses/peuples ; les voix incendiaires des familles trans-raciales ; les incantations dites sociales de ce monde d’otages réciproques (races, familles, peuples...), tout ça...

Yun devint Alain pleinement. Dans son âme.

<>

C’est important le nom. Le nom donne beaucoup ; beaucoup plus ; beaucoup trop.

Une fois nommé, on est prisonnier de son nom.

On a poussé Yun à fonder des familles déracinées. On l’a poussé d'abord à donner à la masse/peuple coréenne une famille – en France. On l’a poussé à donner à la masse/peuple française une famille coréenne dont elle n’avait rien à foutre.

Suivit une famille recomposée... une identité recomposée...

(La dépersonnalisation s’empare de nous, quoi que nous faisons ! On dépasse l’histoire. On gagne la transhistoire ! Dans un raccourci, dans un éclair de compréhension inhumaine, ceci explique cela, ceci explique tout.)

Yun/Alain était tellement formaté par son peuple générique/génétique (qui n’avait pas voulu de lui, pourtant), il était tellement bridé, qu’on ne pouvait même pas imaginer qu’il se prolongeât dans des enfants de type caucasien ou noirs ou rouges ou bleu-trompettes. Pas plus que dans une incarnation ou une autre, dans n’importe quel être animé ou pas, c'est à dire mortel.

Par contre, il pouvait adopter des enfants. Le cas échéant, des non-bridés ; et tout ce qui allait avec. Il le fit avec les enfants, de Magali, avec les prolongations de celle-ci. Et du coup, avec mes propres post-prolongations biologiques. Il les a adoptées. Il les a adoptées avec leur chien et leur chat et leur hamster et toute leur bande et avec moi-même, avec toute notre tribu. Il l’a fait, cet héros de la transgression – ou trahison? – raciale et générationnelle, capable d’auto-transgression – d'auto-trahison? – donc, qui est Yun devenu Alain.

Magali a adopté à son tour les deux bridés d’Alain. Mais elle n’est pas devenue Yun. Ses marmottes non plus.

Magali et Alain, ex-Yun, ont aujourd’hui cinq enfants, quatre à moitiés biologiques, ou, enfin, biologiques chacun de ses côtés (compliqué, hein !) si je puis dire, mais entièrement adoptés chacun de son côté, et une transraciale – interraciale ?–, non-adoptée (pas besoin), « biologique », riche en héritage génétique, la petite Lucie.

 

 

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3 octobre 2019 4 03 /10 /octobre /2019 08:59

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 8

 

Alain est resté Yun un certain temps. On lui a donné le nom à l’occasion de son adoption ; pas très loin de sa naissance. Une fois légumisé en France, on a voulu éliminer Yun pour faire naître Alain. Mais la mémoire interne profonde de Yun ne se laissa pas violée. Yun ne devint pas Alain. Pas tout de suite. Pas automatiquement.

L’orphelinat qui le poussait prendre le large, qui l’abandonnait, lui avait donné comme nom, Yun. Dans son esprit, en silence, en cachet, il garda son Yun jusqu’à la fin de son premier mariage. Jusqu'à la fin de ce mariage, il obéit en silence, en cachet à l’inconnu qui était le sien : sa race, sa famille biologique abandonnatrice, son peuple malmené, son histoire fracturée, meurtrie.

Jusqu'à la fin de son premier mariage, Alain porta en lui la cage enfermant Yun ; la prison de Yun, protectrice. Quelque chose de très personnel. Quelque chose dont la singularité dépassait largement Yun et Alain. Quelque chose qui les disqualifiait.

<>

On vit au sein de sa famille d’abord, au sein de son peuple ensuite, comme à l’intérieur de sa peau.

Quitter sa famille, son peuple, c’est se faire écorcher. Mais quid de se faire ostraciser par sa famille, par son peuple ?

Il m’est difficile à imaginer la soumission désespérée de Yun-pas-encore-Alain.

<>

Non seulement qu’il pardonnait à son peuple natal l’expulsion, mais il lui donnait acte d’allégeance.

Il allait chercher « sa moitié » en Corée.

Non pas en France, parmi les français, mais en Corée, parmi les coréens dont il ne parlait même pas la langue et qui, un quart de siècle auparavant, avaient trouvé bon de le confier/abandonner à la DASS.

Pourquoi avait-il besoin de se catapulter pour « prendre femme » là, dans sa Corée diable-vauvertienne ? (Une femme « courte », qui allait mourir après cinq ans de mariage et la mise au monde de deux enfants.) N’y avait-il pas assez de femmes porteuses des calices à féconder ici, en France, à côté de lui, chez lui ?

(C'était où chez lui ?)

<>

Après la mort de la Coréenne, la soumission de Yun changea de contenu. Il entendit la voix de sa deuxième masse/peuple. Le moment venu, il se mit à se recomposer une famille ici, parmi les non-Coréens. Il changea la soumission en survivance. Il donna une famille à la masse/peuple française ; avec Magali, ma fille. Du coup, avec moi.

Voilà !

 

 

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1 octobre 2019 2 01 /10 /octobre /2019 08:19
Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 7
 
Je suis vieux et malade. J’ai un trou percé dans le crâne. La mémoire s’échappe par là. Elle se vide. Elle fait le vide. Elle me quitte, la salope ! Elle se sauve.
 
Pourtant elle, la femme du Coréen de Pompadour y siège toujours. Ici, et maintenant, fantomatique, dans les limbes mystérieux de ma mémoire. Avec son mystère à elle, de Coréenne arrivée mystérieusement parmi nous, dans ma vie. Dans un des îlots de ma vie.
<>
Puis... Mère de deux enfants de type caucasien, Magali, ma fille, père de deux enfants de type asiatiques, Alain, le Coréen de Pompadour, n'ont rient trouvé de mieux à faire que de concevoir, produire, fabriquer, une petite Lucie, métisse, métissée, vaironne (or et émeraude), âgée de quinze ans aujourd'hui.
 
J'aimerais savoir ce que Jeanne, ma feue femme, aurait eu à dire à ce sujet. Mais la feue épouse d'Alain ? Comment se présente tout ça dans Lucie ?
<>
Supposons que la mère biologique de Yun, qui avait abandonné son enfant, aurait été traumatisée par la guerre de Corée. D’où l’abandon. Lors de son arrivée à la DASS coréenne, il ne portait même pas de nom. On l'abandonnait dans l'état, sans nom. À peine nommé, on le (pro)jeta vers la France, sur Pompadour.
 
Ça, d’un côté.
 
De l’autre, supposons que sa future femme n'était pas orpheline, comme lui. Ses parents ne l'auraient pas abandonnée. Ils auraient été pourtant, comme toute leur génération, des enfants de la guerre des Corées.
 
...Jusqu’au moment de son mariage elle fut une composante anonyme, un légume de sa génération sud-coréenne. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle se fasse cueillir, vingt cinq ans après sa naissance, cueillier et délégumiser par un jeune (de sa génération sud-coréenne, certes, mais devenu le Coréen de Pompadour), pour être transplantée et, d'une certaine manière rélégumisée, en France.
 
Raison ? Mais de quelle raison parle-t-on ?
 
Elle s’est laissée faire. Elle s’est laissée délégumiser et rélégumiser. Elle a accepté l’exceptionnel.
 
Quant à lui, il n’a pas pu retrouver l’anonymat, le banal propre à ceux de sa génération sud-coréenne. Il n’a pas trouvé bon de rentrer pour toujours dans sa Corée natale, de s'y fondre, il n’a pas trouvé le sol « natal » suffisamment nutritif pour s’y re-implanter, s’y rélégumiser. La légumisation pompadourienne lui convenait davantage.
 
Ce qui est certain c’est qu’aujourd’hui on pouvait les regarder, tous les deux, comme des produits marginaux de l’histoire. Marginaux, c’est vrai, mais quand-même porteurs d’histoire. Comme les particules de fumée, de lave, de vase d’une vaste et puissante éruption.
 
 
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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 14:27

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 6

 

Bon !

Revenons au Coréen.

Bon !

Il passa son enfance et sa jeunesse à Pompadour. Intégré au milieu corrézien, il ne lui restait de son coréeanisme que la tronche (on ne peut ni cacher ni transformer des yeux tellement fendus et tellement noirs, aux éclats coupants, un nez tellement aplati, tellement spécifique, ses cheveux tellement noirs, tellement beaux…) et son penchant pour les arts martiaux et mystiques asiatiques.

Il parle français comme un corrézien. Ensuite, une fois monté à Paris, il se met à parler comme un parisien. Aucun mot de coréen, en revanche. Un peu de cambodgien, seulement (mère adoptive oblige).

Il est toujours tout seul. La sœur « biologique » arrivée dans le foyer quelques années après son adoption ne devient pas vraiment sa camarade de jeux et d'autant moins sa sœur. L’entente avec elle est bonne. Pas plus. Alain ne l'intègre pas dans son existence.

Très-très bosseur, il arrive – seul, tout seul – à un certain niveau de connaissances informatiques. Il se fait embaucher par une banque. Seul !

Il décide de « prendre femme ». Seul. Il entreprend deux voyages à Séoul. Il rentre du deuxième avec sa femme coréenne. Ils se parlent en anglais, au début et, peu à peu, en français ; ils produisent deux enfants.

Après cinq ans de mariage, cette femme meurt. Alain reste avec deux enfants sur les bras. Seul de nouveau. Très seul. Tout seul. Seul avec ces enfants.

Ce n'est pas grave. Il connaît la solitude. Il s'y connaît.

Je ne l’ai pas connue, son ex-épouse. Je ne sais même pas ce qu’elle faisait dans la vie.

 

 

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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 14:27

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 6

 

Bon !

Revenons au Coréen.

Bon !

Il passa son enfance et sa jeunesse à Pompadour. Intégré au milieu corrézien, il ne lui restait de son coréeanisme que la tronche (on ne peut ni cacher ni transformer des yeux tellement fendus et tellement noirs, aux éclats coupants, un nez tellement aplati, tellement spécifique, ses cheveux tellement noirs, tellement beaux…) et son penchant pour les arts martiaux et mystiques asiatiques.

Il parle français comme un corrézien. Ensuite, une fois monté à Paris, il se met à parler comme un parisien. Aucun mot de coréen, en revanche. Un peu de cambodgien, seulement (mère adoptive oblige).

Il est toujours tout seul. La sœur « biologique » arrivée dans le foyer quelques années après son adoption ne devient pas vraiment sa camarade de jeux et d'autant moins sa sœur. L’entente avec elle est bonne. Pas plus. Alain ne l'intègre pas dans son existence.

Très-très bosseur, il arrive – seul, tout seul – à un certain niveau de connaissances informatiques. Il se fait embaucher par une banque. Seul !

Il décide de « prendre femme ». Seul. Il entreprend deux voyages à Séoul. Il rentre du deuxième avec sa femme coréenne. Ils se parlent en anglais, au début et, peu à peu, en français ; ils produisent deux enfants.

Après cinq ans de mariage, cette femme meurt. Alain reste avec deux enfants sur les bras. Seul de nouveau. Très seul. Tout seul. Seul avec ces enfants.

Ce n'est pas grave. Il connaît la solitude. Il s'y connaît.

Je ne l’ai pas connue, son ex-épouse. Je ne sais même pas ce qu’elle faisait dans la vie.

 

 

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29 septembre 2019 7 29 /09 /septembre /2019 08:51

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 5

 

Après les séances de massage et de gymnastique plus que fantaisistes, je m’assoupis. Ensuite, je mange. Je bois.

Je mange et je bois énormément.

J’ai beaucoup changé.

On ne me reconnaîtrait plus, promis ! Je ne prends presque plus de viande, ni rouge ni blanche. Le poisson, ça va. Par contre, pour les végétaux, les portes sont largement ouvertes.

<>

Les plantes – on le dit à tous ceux qui auront la faiblesse ou l’audace de croire qu'on ne serait pas fou –, les plantes sont vampirisées par le Firmament, mais aussi par le Centre de la Terre. On ne sait pas si elles essaient de séparer le Soleil et les Étoiles de la Terre ou si, au contraire, elles s’efforcent de nouer leur contact.

Un peu comme le phlogistique et la gravitation.

Avec les plantes, le tellurique devient simplement astral et l’astral tellurique.

On en mange.

<>

Je mange pour quatre. Ça fait peur.

Mon estomac et mes intestins résistent, néanmoins. Pour ne pas parler de cet appétit ! Énorme et sur-énorme !

Quel est cet ogre ?

<>

Je suis triste et affamé.

De surcroît, j’ai une envie folle de minéraux. Je n’ose pas la formuler. Déjà que l’on me regarde d’un drôle d’œil à chaque fois que j’ouvre la bouche pour que l’on y fourre des quantités pantagruéliques de légumes pantagruéliques, assaisonnés de sauces pantagruéliques pantagruéliquement épicées/salées/sucrées. Déjà que l’on essaie de m’empêcher de boire « trop » sous prétexte que patati et patata. Si je demandais en plus des minéraux purs, bonjour la suspicion, les tranquillisants, la camisole de force !

<>

...Du Silicium, du Cuivre, du Fer, de Phosphore, du Soufre. Un peu de Plomb. Tant qu’on y est, ajoutons un peu d’Acide Urique et d’Acide Formique... Le Diable c’est le manger. Il rend toujours gravitationnel... J’ai certainement un Ange Intérieur. Il brûle ce que le Diable produit... Certains disent que l’esprit rend maigre... Je ne suis pas maigre, moi...

Excusez-nous !

 

 

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27 septembre 2019 5 27 /09 /septembre /2019 12:29

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 4

 

Le nouveau compagnon de Magali, le Coréen. Le Coréen de Pompadour ! Extravagant ! Surréaliste !

On l’appelle Alain. Il s'appelait Yun Ch’angsik.

Quant à Magali, son histoire est d’une banalité criante, statistiquement écrasante. Un mariage défait. Deux enfants. Leur père les voit souvent.

Par contraste, l’histoire du Coréen, plus compliquée et plus ample, fait tâche.

Né-abandonné à Séoul, il est adopté par une famille de Pompadour. Famille d’ailleurs déjà métissée. La femme, d’origine khmère, née dans la région parisienne, appartient à la deuxième génération vivant en France. Son mari est un bonhomme originaire de Limoges. Sa famille fait partie de l’ancienne bourgeoisie clanique des bouchers du lieu.

Les parents d’Alain, le Limousin et la Khmère, ont un restaurant à Pompadour. L’affaire rapporte. Ils mènent une vie aisée. Pour Alain, cela s’est traduit par des études d’informatique.

 

 

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27 septembre 2019 5 27 /09 /septembre /2019 12:29

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 4

 

Le nouveau compagnon de Magali, le Coréen. Le Coréen de Pompadour ! Extravagant ! Surréaliste !

On l’appelle Alain. Il s'appelait Yun Ch’angsik.

Quant à Magali, son histoire est d’une banalité criante, statistiquement écrasante. Un mariage défait. Deux enfants. Leur père les voit souvent.

Par contraste, l’histoire du Coréen, plus compliquée et plus ample, fait tâche.

Né-abandonné à Séoul, il est adopté par une famille de Pompadour. Famille d’ailleurs déjà métissée. La femme, d’origine khmère, née dans la région parisienne, appartient à la deuxième génération vivant en France. Son mari est un bonhomme originaire de Limoges. Sa famille fait partie de l’ancienne bourgeoisie clanique des bouchers du lieu.

Les parents d’Alain, le Limousin et la Khmère, ont un restaurant à Pompadour. L’affaire rapporte. Ils mènent une vie aisée. Pour Alain, cela s’est traduit par des études d’informatique.

 

 

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24 septembre 2019 2 24 /09 /septembre /2019 10:02

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 3

 

Le regard de mes enfants, unique, pas loin de la folie. La folie du désastre. Un regard terrible, perdu dans le vaste. Un son irrespectueux, inhumainement silencieux. Des frappes brutales ; immatérielles et envahissantes pourtant. De l’effroi électrique. De la désorientation désespérée. De l’auto-déséspoir.

Et pas une goutte d’amour. Même pas un microbe, même pas une ombre.

<>

Ils ne sont plus jeunes. Certains ont même des enfants.

Lorsque j’ai ouvert les yeux, je les ai aperçus là. Les six. Quatre descendants, une bru et un gendre. Avec leurs six regards trop égarés, effrayés et terrifiés, effrayants et terrifiants, trop étrangers et trop… inorganiques. J’ai constaté qu’ils étaient déjà vieux. Morts, peut-être ? Tous. Les six.

Je ne peux être que plus vieux qu’eux. Ou si ? Plus que vieux. Mort.

Ce n’était même pas moi qui revenais mais un autre. Un tout autre. Un Tellement Autre !

 

 

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22 septembre 2019 7 22 /09 /septembre /2019 16:45

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 2

 

- Où est-ce que vous partez ainsi ?

Il est jeune, le petit médecin. Il trouve naturel de questionner mon intimité.

Il me prend pour son partenaire, voire son complice. Sa curiosité est juvénile et désarmante. Pour lui, je suis toujours son malade. Nous aurions paraît-il des droits l’un sur l'autre. Il ne se trouve pas indiscret. Il communique. En l'occurrence avec moi. Il prend appui sur l’hyper-sens, sur l'hyper-sentiment grâce auquel nous pouvons transcender nos individualités, nos êtres ; sur cette espèce d’hypo-idée selon laquelle l’implicite et la complicité seraient des choses capables de créer et d’entretenir l’humanité.

Il a la dépression allègre et agressive. Il enquête, il interroge. Dans le vide. Il interroge dans le vide. Il interroge le vide. On dirait qu'il n'était pas un Occidental. Il croit pouvoir interroger la mort, on dirait. Mais c’est la mort qui l’interroge. En tout cas, elle lui pose des problèmes. Je crois même qu’elle le terrorise.

<>

Dieu sait comment était-il devenu médecin. Dieu sait pourquoi était-il devenu médecin. Il s’est certainement frotté à la mort maintes fois. Des morts extérieures, je présume. Il n’a découvert la mort, la vraie mort, la mort interne – la sienne – qu’avec moi, je présume. Il projette cette mort – sa mort devenue la mort modifiée pour être vraie – sur moi. Je présume. Effrayé, il demande l’aide, je présume.

À son âge, moi, je courais les nanas. Je m’en fichais pas mal de la mort, du néant, de la politique, du sexe des anges.

 

 

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