Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 9
Voilà !
Ces voix trans-historiques/trans-géographiques me troublent. Les voix bourdonnées, parfois assourdissantes des masses/peuples ; les voix incendiaires des familles trans-raciales ; les incantations dites sociales de ce monde d’otages réciproques (races, familles, peuples...), tout ça...
Yun devint Alain pleinement. Dans son âme.
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C’est important le nom. Le nom donne beaucoup ; beaucoup plus ; beaucoup trop.
Une fois nommé, on est prisonnier de son nom.
On a poussé Yun à fonder des familles déracinées. On l’a poussé d'abord à donner à la masse/peuple coréenne une famille – en France. On l’a poussé à donner à la masse/peuple française une famille coréenne dont elle n’avait rien à foutre.
Suivit une famille recomposée... une identité recomposée...
(La dépersonnalisation s’empare de nous, quoi que nous faisons ! On dépasse l’histoire. On gagne la transhistoire ! Dans un raccourci, dans un éclair de compréhension inhumaine, ceci explique cela, ceci explique tout.)
Yun/Alain était tellement formaté par son peuple générique/génétique (qui n’avait pas voulu de lui, pourtant), il était tellement bridé, qu’on ne pouvait même pas imaginer qu’il se prolongeât dans des enfants de type caucasien ou noirs ou rouges ou bleu-trompettes. Pas plus que dans une incarnation ou une autre, dans n’importe quel être animé ou pas, c'est à dire mortel.
Par contre, il pouvait adopter des enfants. Le cas échéant, des non-bridés ; et tout ce qui allait avec. Il le fit avec les enfants, de Magali, avec les prolongations de celle-ci. Et du coup, avec mes propres post-prolongations biologiques. Il les a adoptées. Il les a adoptées avec leur chien et leur chat et leur hamster et toute leur bande et avec moi-même, avec toute notre tribu. Il l’a fait, cet héros de la transgression – ou trahison? – raciale et générationnelle, capable d’auto-transgression – d'auto-trahison? – donc, qui est Yun devenu Alain.
Magali a adopté à son tour les deux bridés d’Alain. Mais elle n’est pas devenue Yun. Ses marmottes non plus.
Magali et Alain, ex-Yun, ont aujourd’hui cinq enfants, quatre à moitiés biologiques, ou, enfin, biologiques chacun de ses côtés (compliqué, hein !) si je puis dire, mais entièrement adoptés chacun de son côté, et une transraciale – interraciale ?–, non-adoptée (pas besoin), « biologique », riche en héritage génétique, la petite Lucie.
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