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Œuf de fou
- pseudo-satyricon -
(suite 1)
« Quelle est la différence
entre nous et une maison de fous ?
Ils ont une direction lucide, eux ! »
Blague audiovisuelle.
« La folie de l’homme raisonnable
est anatomisée à fond par
le clin d’œil du fou. »
Shakespeare, Comme il vous plaira, II, 7 56-57
Distorsion/détour
(Intervention de la machine à café
– espèce d'acouphène1 ou de schizophrénie –
au sujet des images très parisiennes
aperçues par Stroë)
(Caron)
- Difficile, dit la vieille, difficile de se glisser dans la peau d’un autre. Des autres. Prenons comme exemple le cas de Caron. Vous savez, le bidasse qui passe et dépose les zozos d’autre côté. Qui achemine toutes sortes de cocos et de zèbres vers l’au-delà. Qui regarde et enregistre le passage de l’existence vers l’inexistence. Qui passe lui-même, au retour, de l’inexistant vers l’existant ; peut-être. Qui – pour s’occuper de ce qui se passe dans une telle peau, dans une âme ? Qui ? Je pose la question. Vous allez demander, peut-être, quel pourrait être l’intérêt de s’y intéresser. Vous n’aurez pas tort, évidemment. Vous aurez même, tout naturellement, raison. Combien d’entre nous partagent le sort de ce Caron ? Mille ? Cent ? Dix ? Un ? Aucun ? Yes ! Aucun ! Il n’y a pas des Caron parmi nous. Il ne peut pas y en avoir. Dans le camp de l’existence, où nous nous trouvons tous, l’inexistence nous est interdite. Elle n’y est que pressentie, jamais sentie, d’autant moins vécue. Caron, lui, cependant, y touche. La touche. Enfin, peut-être ! Il passe d’une rive à l’autre, chargé (dans une direction), vide (dans l’autre), sorte de conducteur de métro à l’ancienne, sorte d’éboueur des âmes, de madame-pipi-du-monde avant la lettre, et il observe les changements que ses passagers subissent... Comme un photographe qui, tout en aidant ses sujets à s’immortaliser... si !... anciennement sur la pellicule, aujourd’hui dans des pixels, observe leur rigidité de plus en plus évidente, leur nécrose de plus en plus avancée. Des soupirs et des larmes. Voilà ce qu’on dit trouver dans l’empire souterrain. Des soupirs et des larmes éternels ; et à tout jamais. On dit. Et/mais on ne se demande pas pourquoi. On ne s’interroge pas sur la souffrance des passants, des... trépassés (...des... très-passants ?), des disparus. On ne peut pas s’interroger. On n’est pas des disparus ! Tandis que lui, si. Caron le tantôt disparu, le tantôt apparu (et/ou/mais réapparu) – les aperçoit, lui, les disparus. Il les touche. Eux aussi, on peut le supposer, touchent à la disparition, à leur propre disparition, lorsqu’ils payent le passage à Caron... Ils deviennent, ils parviennent à être, ils sont tous (depuis longtemps, depuis toujours) des disparus !
Après avoir dit ça, la vieille ricana. Un ricanement aigu. Très joyeux. Elle était très gaie. Elle donnait l’impression qu’elle allait se dissiper, très désinvolte, dans l’air pur qui, tel qu’un nuage de smog, flottait autour de la Tour Eiffel, juste en dessous du gland de celle-ci. C’était tout. Et rien d’autre.
- La folie, par exemple, la bêtise, l’inutile !
Fin de la Distorsion/détour
Avertissement
Toute ressemblance
avec ce qui s'est passé,
qui se passe
ou
qui va se passer
à RFI
a été, est ou sera
fortuite.
Pareil pour toute différence.
En vente chez moi et sur Amazon (version brochée), sur Kindle (version ebook)
Blog : www.alexandre-papilian.com/
1 Le sujet sera traité un plus tard.
Avoir un travail ou un emploi ?
La question est ontologiquement définitoire pour la société française contemporaine.
- Ontologiquement ?
Oui ! Et alors ? C'est interdit ?
- Hélas, non !
- Et le chômage, un contre-valeur.
Et.
Or, il n'y a rien de « valeureux » dans un travail, sacrifice de soi-même mis à part. Pour ne pas parler du chômage.
Il reste à expliquer dans ce contexte la nervosité enregistrée récemment en Occident, où nombre d'« indignés » manifestent sans qu'on sache pourquoi.
Même plus.
Même.
- L'homme n'est pas fait, tout court.
Alors, qui à le droit de « le mettre au travail » ?
Je vais me faire massacrer disais-je ? Plus que ça : je le veux !