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Présentation

  • : Alexandre Papilian
  • : Ne pas être seul dans la proximité de la création. - Partager ce qu'on peut partager pendant la lutte avec les ombres - pendant la danse avec. Personnalité(s) forte(s) et inconfondable(s), se faire intégrés dans des communautés riches en névrosées, bien intégrées dans le monde actuel.
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  • Alexandre Papilian
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !

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16 octobre 2017 1 16 /10 /octobre /2017 06:58

Ma mère, une pute, mon père, un maquereau

 

 

Ma mère est Bulgare et pute. Mon père est Turc et maquereau. Moi, je suis Américain et futur Capitaliste.

On pourrait considérer que tout est dit. On pourrait, mais ce ne serait qu'un raccourci.

Ma mère est Bulgare et pute et grande et belle et femme d'affaires. Lorsqu'elle met ses nouveaux pantalons, très moulés, très bien moulés sur ses hanches, fesses et motte, en raies verticales bleues et blanches, elle peut créer des accidents. Les automobilistes tournent la tête quand ils passent près de sa portion de trottoir, en face de la Gare de Limoges.

Mon père est Turc ou Tzigane (ce n'est pas ma mère seule qui l'affirme) et menu, petit, agile, le regard anthracite (il paraît que c'est du charbon et que ça jette des éclats), capable de parler fermement (avec de beaux résultats) aux mecs qui parfois inquiètent ma mère.

Moi, je suis Américain. Ils se sont débrouillés pour me mettre au monde en Alaska (sur le territoire américain, ce qui donne automatiquement la citoyenneté américaine), parmi les pétroliers, Inuits, phoques, rennes et renards blancs.

Si mon père intervient avec brio lorsque ma mère est inquiétée par des clients pas cools, il la boucle à la maison. Ici, c'est elle qui parle, la reine, ma mère. Par contre, elle la boucle dés que l'envie lui prend de la sauter (de jouer avec elle – en roi et maître – à la Pute et au Client ou à la Pute et au Maquereau).

Moi, je joue avec d'autres de mon âge dans l'espace enfants récemment aménagé au Champ de Juillet, en face de la Gare de Limoges, près de la fraction du trottoir de ma mère. Nous sommes suffisamment nombreux pour couper l’appétit des mémés et des pépés qui voudraient venir avec leurs bambins locaux pour user nos balançoires, le toboggan, l'araignée et tout.

D'ici, je peux apercevoir ma mère, qui se tient debout au bord du trottoir et qui se penche de temps en temps pour parler aux mecs qui s'arrêtent devant elle en voiture. Parfois, elle monte dans la bagnole. Dans ce cas, elle est ramenée par le client ou elle rentre en bus ou à pied. Elle n'a pas trop de soucis à se faire. Avant de monter à côté du client, elle lui fait comprendre que mon père, attablé au café du coin (sur le trottoir), avait noté le numéro d'immatriculation de sa voiture.

Parfois, la voiture de police s'arrête devant ma mère. Parfois, devant mon père, au café. Ils parlent – je ne sais pas de quoi. Mais ça va. On n'est pas inquiétés.

Je n'aime pas parler à la Police, moi. C'est pas mon truc. Du tout.

Quand je serai grand, je serai Capitaliste. J'achèterai une grande maison entièrement pour eux. Quelque part loin, très loin. Qu'ils y aillent. Qu'ils s'en aillent. Pour toujours. Je ne les verrai plus. Je serai très riche et je voudrai ne plus jamais entendre parler d'eux.

Je serais alors orphelin.

Si on y arrive.

 

Blog : www.alexandre-papilian.com/

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