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Présentation

  • : Alexandre Papilian
  • : Ne pas être seul dans la proximité de la création. - Partager ce qu'on peut partager pendant la lutte avec les ombres - pendant la danse avec. Personnalité(s) forte(s) et inconfondable(s), se faire intégrés dans des communautés riches en névrosées, bien intégrées dans le monde actuel.
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  • Alexandre Papilian
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 08:02



8

 

[lorsque les lumières s’allument de nouveau, sous la banderole Pourquoi a-t-il une queue, l’éléphant ? on voit une autre : Pour qu’il ne se termine pas brusquement !]

L’homme

            Finissons en queue d’éléphant ! Nous sommes du vrai ! Vraie queue d’éléphant qui ne laisse pas la fin arriver comme ça, d’un coup. [pause] Nous-mêmes, nous ne finissons pas comme ça, d’un coup. On dirait que nous ne pouvons même pas finir, nous ! [pause] Je quittais tout en quittant la Roumanie. J’y laissais une femme de qurante-cinq ans, trois enfants jeunes-adultes, énormément de parents, frères, sœurs, cousins, neveux et nièces, amis copains, des simples connaissances. Bref, une société ! Pareil, une carrière moyennement compromise, mais pas très mauvaise. [pause]  C’est-à-dire - enfin, je veux dire que - dix ans avant la chute de Ceausescu - j’avais changé de cap. J’étais devenu un quasi-dissident.

 

La marionnette

            Quelqu’un de bien : ni trop mauvais, ni trop bon. Un à-peu-près.

 

L’épouvantail

            On ne composait, créait… inventait !... plus de chœurs écœurants à la gloire du Camarade et de la Camarade. On composait, par contre, des suites et des concertinos. Jamais joués. [pause] Dirait-on : du parfum albanais ?

 

L’homme

            Je me suis lentement et sûrement éloigné du cercle des lèche-culs actifs. Mais je ne me suis pas efforcé d’effacer les faits accomplis, ni d’imposer mes nouvelles créations, apartiniéennes, apatriotiques… J’étais un tiède, un raté bien placé socialement. Mon nom n’était ni trop mauvais, ni trop bon. Moyennement (mais pas moins) depotoirisé. Comme je disais, un à-peu-près. Un de ceux que Dieu vomit de sa bouche.

 

La marionnette

            Une fois arrivé à Paris, tout bascula.

 

L’épouvantail

            Ça a été très soudain.

 

L’homme

Très soudain, absolument. Comme… je ne sais pas comme quoi, comme qui. Il n’y a pas de comparaison. [pause] J’étais quelqu’un au futur court, certes, mais largement béant.

 

La marionnette

            Il ne pouvait pas se renouveler.

 

L’épouvantail

            Chose ressentie avec un lourd désespoir.

 

L’homme

            Au mieux je pouvais être quelqu’un de sous-humble, d’infra-simple. Je vivais cette volatilité qu’est la sensation de ne pas trouver un certain endroit assez peuplé par des valeurs inter-conciliables et, ensuite, compatibles avec moi-même, un endroit qui puisse me servir de squelette extérieur, qui puisse me squelettiser extérieurement. [pause] J’étais un nulle part ambulant.

 

L’épouvantail

            Plutôt étonné, tu essayes à présent de saisir la couleur de ta propre flamme psychique.

 

La marionnette

            [explicatif] Il est trop vieux pour haïr.

 

L’épouvantail

            Tu aimerais, seulement, avoir la paix.

 

La marionnette

            Il aimerait ne plus faire du mal.

 

L’épouvantail

            Pareil, tu aimerais d’oublier le bien que tu n’as pas fait.

 

L’homme

            Pour toujours. Pour toujours.

 

L’épouvantail

            Oublier pour toujours.

 

La marionnette

            Le bien qu’il na pas fait pour toujours.

 

L’homme

            Le bien que je n’ai pas… [pause] …Pardon ! Voilà ! Je demande pardon ! Je ne demande même pas de la compréhension. Même pas de la tendresse. Ni d’amour. Même pas.

 

L’épouvantail

            Tu n’es ni Dieu, ni totalité.

 

La marionnette

            Encore faudrait-il qu’ils existent, eux !

 

L’homme

            Je crois n’être aucune de ces… inventions nécessaires au bien-être de notre stupidité capable de vide, réconfortante.

[pause]

 

Le porteur de pancartes

            [la nouvelle pancarte : POST-SCRIPTUM]

 

La marionnette

            Ayons une queue d’éléphant.

 

L’épouvantail

            Soyons l’éléphant d’une certaine queue.

 

L’homme

            Élephantisons D’un coup. Disons que tout ça [indiquant l’épouvantail] - à cause de cette ordure. À cause de ma névrose.  

La marionnette

            C’est pareil. Ordure, névrose… Pareil. C’est pareil dans son cas. Dans les cas pareils.

 

L’homme

            Ou, peut-être, c’est à cause d’autre chose.

 

L’épouvantail

            [geste : « tu parles ! » ; ensuite, en parlant de l’homme] On voit avec une extrême clarté la mort approcher. On va mourir bientôt. Très. Très bientôt. Comment ressent-on la mort qui approche ? Comment ?

 

La marionnette

La mort. C’est comment... La mort...?

[Long silence]

 

L’homme

            [au public, avec l’espoir d’être contredit] Ce n’est pas un dépotoir, au moins ?!?... [pause] Il fait noir. Il fait froid. Ici. Dans la queue de l’éléphant ! [en chouchoutant, après une pause] Une Révolution ?... Un Révolution... à moi ?

 

[Long silence. - Noir. - ...Eventuellement, dans le noir:

 la chanson de John Lenonn,  « Revolution »]

ou

[Long silence. - La chanson de John Lenonn « Revolution » plus une sarabande des personnages. La lumière s’éteint, peu à peu, mais la danse continue ; les personnages sont munis des torches électriques ; ils sortent un par un de la scène qui reste dans le « noir sonore »…]

 

Fin

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