Dans le métier de journaliste, comme je crois, dans tout autre métier, il existe des non-dits. Les pratiques par lesquelles les nouvelles arrivent au public diffèrent.
- En fonction des sociétés.
Idem pour la hiérarchie de ces nouvelles. L'ordre des priorités est tout autre en Corée du Nord, en Iran, en Botswana, États Unis, Russie, Liechtenstein, Vatican, Moldavie...
- Ou la France.
Bon ! La situation est telle qu'elle est et pas autrement. Si la réalité factuelle peut être considérée comme étant « unique », ses reflets ne le sont pas.
- Question d'« optique ».
Absolument.
- Il est riche en optiques, notre monde, on dirait.
On !
Alors, répétons :
- Bon ! La situation est telle qu'elle est et pas autrement.
Et pourtant, il y a quelque chose qui me titille, aujourd'hui.
Après une flambée de nouvelles venues de Maghreb, à la mesure des événements violents de Tunisie, Algérie et, plus récents encore, d'Égypte, on assiste aujourd'hui à quelque chose qui ressemble beaucoup à un « flop » médiatique.
D'une manière générale, je trouve bizarre « l'unité » médiatique – dans ce pays qui se veut le pays des droits de l'homme. C'est comme si « l'opinion » serait « unique », dans un monde où la démocratie devait au contraire faciliter l'expression de la diversité. Dans les grands médias audiovisuels et écrits, la hiérarchie des nouvelles est plus que souvent la même. Ce qui diffère parfois – et encore ! – c'est la coloration des commentaires.
Ainsi, les nouvelles d'Égypte occupent, en France, la cinquième ou la sixième place. Et cela malgré le fait qu'elles rendent compte d'un élargissement du mouvement anti-Moubarak...
Les « maîtres des news » français considèrent que ces nouvelles ne méritent une place plus « avantageuse ». Et cela dans les conditions où, d'une manière plus qu'évidente, le présent du monde arabe s'effondre et où l'avenir du monde arabe est en train de ne plus respecter aucune des projections des analystes, des spécialistes et d'autres « istes ».
- Ou, peut-être, justement, parce que ?
Les Français doivent recevoir non pas les nouvelles concernant la réalité de cette partie du monde, mais leurs reflets. On distille la réalité vivante pour la servir à la population de l'Hexagone, incapable, paraît-il, de juger par elle même.
Si les Français étaient de veaux, comme disait de Gaulle, c'est parce que on les « veaux-ise ».
On – qui ?
- Qui ?
Et pourquoi ?
- Pourquoi ?