Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 46
Je n’ai pas eu l’occasion de parcourir le chemin qui mène de l’ordre divin à l’ordre terrestre. Je ne savais même pas qu’un tel chemin pouvait exister. Mais le petit roquet est convaincu que j’aurais parcouru ce chemin à l’occasion de mon va-et-vient. Il est tellement matérialiste, qu’il croit que cela existe, la passerelle entre le divin et le non-divin.
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Il me fait du bien, le petit, avec sa stupidité.
Il me faisait du bien. Au passé.
Aujourd’hui, il me rend visite à la maison. Comme jadis à l'hôpital, il tourne toujours autour du pourquoi du mon retour. Pourquoi suis-je revenu ? Aurais-je un mal terrestre à réparer ? Étais-je habité par le besoin d’une souffrance rédemptrice ? Qui avait décidé de mon retour (ou de mon non-départ), moi-même, un autre, une force, un vouloir ?
Des questions qui m’agressent, même si elles restent non prononcées. Je ne peux pas leur faire face. Je me réfugie dans une fausse indifférence, apparentée à la démence sénile.
J’en suis conscient. Sénile et conscient.
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Il est en paix avec lui-même : inconscient de lui-même. Son « soi-même » ne lui fait pas encore peur, il ne lui fait pas encore du mal (en lui indiquant, par exemple, ses dettes envers le monde).
Son agressivité est celle de la prise de conscience, de la curiosité passive, de la connaissance. Il s’intéresse à la mort et à l’antichambre de celle-ci d’une manière très « scientifique ». Il a du punch, de l’énergie, du mordant. Il fera une belle carrière en gérontologie. Le handicap (ou le piège) réside dans l’irréversibilité du phénomène considéré. La science moderne impose l’expérimentation. L’expérimentation suppose des reprises. Mais toutes les expérimentations du monde auxquelles nous avons eu droit jusqu’à présent n’ont pas révélé la nature de la mort. Ni celle de la vie, d'ailleurs. Le lien entre les deux étant non pas justifié mais imposé par quelques apparences. En tout cas, il n'y a pas de reprise (sauf dans des cas comme le mien – et encore !).
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