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  • : Alexandre Papilian
  • : Ne pas être seul dans la proximité de la création. - Partager ce qu'on peut partager pendant la lutte avec les ombres - pendant la danse avec. Personnalité(s) forte(s) et inconfondable(s), se faire intégrés dans des communautés riches en névrosées, bien intégrées dans le monde actuel.
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  • Alexandre Papilian
  • Ecrivain et journaliste franco-roumain. Le sarcasme dépasse de loin la tendresse qui,elle, reste un voeu créateur de nostalgie. Volilà !
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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 08:23

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 30

 

- Je ne comprends toujours pas ce que tu fabriques avec ce bridé ?

Ma cible, cette fois, c'est Magali. C’est comme si ce n’était pas moi qui aie parlé. Voilà. Possédé, je parle sans parler. Une machine. Une machine à rouler des bêtises.

Pourtant, je ne dis que la vérité.

<>

Qu’est-ce que l’on fout ici, près de mon lit ?

Je me sens à l'aise dans ma peau de caméléon. On roule des yeux indépendants ; on déroule sa langue gluante ; on la lance à une vitesse hallucinante ; à des distances impossibles ; on attrape l’insecte : l'attroupement autour de son lit. On avale. Ça tient au corps.

<>

Manger avec une seule main, n’est pas évident. Boire, ça va encore ! Mais manger ! C’est démoralisant.

Je mange sans mesure. On ne se prive pas de me le faire observer.

<>

Être dans une cage. On se fait observer. On s’observe soi-même. On se déshumanise, par sa mort ; on s’animalise, par sa vie.

C’est lourd sans discontinuer. Son esprit s’est laissé engrener dans ce mouvement descendant vers le centre terrestre. La gravitation transfigurée en lourdeur paraît être le seul chemin possible à suivre.

<>

Magali m’a raconté aujourd’hui le moment où elle s’est laissée séduire par son Alain. Faisons court. D'abord, disons que le bridé adopté a une sœur non-bridée, « naturelle ». C'est souvent comme ça. Sous le coup de l'adoption réalisée trois ans auparavant, la mère adoptive, libérée, tombe enceinte. Ce fut le cas avec la mère adoptive de Yun Ch’angsik, la Khmère.

Le petit Yun Ch’angsik lui aurait dit, en parlant du bébé à venir :

- Maman, tu l’aimeras, quand même, n’est-ce pas ? Tu l’aimeras, même si tu ne l’as pas choisi, toi, n’est-ce pas ?

Elle l’a aimée (c’était une fille) ; notamment autant qu’elle a aimé l’autre, le premier, le choisi, le plus que choisi, l’élu.

Magali tremblait en me racontant tout ça. Elle avait rencontré quelque chose apparenté au bonheur.

Avec des gens de la race d’Alain, qui peuvent inoculer le bonheur, l’espèce humaine n’est pas en danger. Le bien siège dans son sein, se cache dans les détails.

 

 

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 09:16

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 29

 

Dans le ventre maternel, j’ai été pressé. Ou, plutôt, compressé. On peut dire aussi le contraire, que c’était moi qui pressait. Mes cellules, en se multipliant, augmentaient mon volume. Le volume passait en pression. C'était la loi.

On dit que le fœtus, s’il ne goûtait rien, s’il n’avait aucune idée de ce que respirer voulait dire, si voir y signifiait tout autre chose que « dehors », il… entend. C’est ce que l’on dit. Mais ce n’est pas vrai. Il n’entend pas : il sent les vibrations (particularisées par le corps qui l’enveloppe). Ce n’est pas Mozart et Beethoven (tiens, Beethoven, quel bel exemple d’audition par vibrations), ni The Beatles et Elvis qui formeraient le fœtus, même si la mère dormait avec la chaîne hi-fi allumée dans ses bras. C’est le corps maternel, qui vibre autour, qui vibre, c’est à dire, avec le glomérule en voie de développement qu’il cache dans son ventre (fausse cavité), qui envoie des pressions à ce glomérule.

Même la soi-disant fécondation, précédant, paraît-il, l’être, est une histoire de pression. Le spermatozoïde, paniqué, meurt parce que pressé, heurté contre et englouti par l’ovule qui, quant à lui, tout aussi paniqué que son agresseur, meurt pour avoir été cerné et heurté/pressé par des millions de spermatozoïdes partouzards et violeurs et pour avoir avalé un d’eux

<>

Dufayer, insomniaque pendant ses gardes, est venu me voir. Nous avons bavardé un peu. Gentil, le chiot. Pas encore de petite amie stable, qu'il dit. (Et Lucie, alors ?) Il jappe dignement et avec beaucoup de détermination à ce sujet. Quant aux enfants, ce n’est pas à l’ordre du jour… Ils peuvent attendre encore… L’expression m’a frappé. Vous voyez, eux, les enfants, peuvent encore attendre. Ils sont là, quelque part, mais leur heure n’est pas encore arrivée. Et pourquoi, s’il vous plaît ? Parce que lui, le chaman, en aurait décidé ainsi ! Il n’y a rien de miraculeux peut-être dans la conception et dans la naissance d’un enfant. C’est même régulier ! Mais est-ce qu'il se peut qu'un enfant puisse rester un projet et ne pas voir le jour ? Voilà qui est troublant ! Et le fait qu’un peu de magie pourrait changer tout, non seulement la face mais l’essence, la nature des choses, est encore plus déconcertant. Bien sûr, je ne parle pas seulement de l’insémination in vitro ou du clonage, mais aussi du chamanisme et de la sorcellerie ; je parle des traditions acceptées dans ce monde, visitées de temps en temps par des savants-archivistes (des « historiens des religions »), pour les séparer mieux encore du présent amorphe et ennuyeux, qui devient irritant et sans aucun intérêt en l’absence du passé et de l’avenir qui, eux, à leur tour, n’ont aucun sens, aucune justification en l’absence de Dieu.

Quant à Dieu, sa raison d’être me paraît absolument évidente et certaine. Elle ne peut être que l’amour.

Voilà de quoi je parle.

 

 

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 09:27

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 28

 

La lumière m’envahit. On incinère mes résidus embarrassants sans mourir.

Je comprends tout d'un coup. D'un grand coup. D'un grand abîme hyper, trans-lumineux.

La lumière blanche et tendre de l’au-delà se tient en embuscade.

Je sais pourquoi ce ballet des deux Dufayer, fils et mère, et de Lucie autour de moi. Il y a anguille sous roche. Je parle de Lucie et du jeune Dufayer.

Je suis plus que neutre. J'ai aucune responsabilité.

<>

Il y a anguille sous roche. Je parle de Lucie et du jeune Dufayer, disais-je.

Ils me plaisent. Ils sont la vie.

Ils nourrissent un sentiment hybride de culpabilité et de bien-être.

Lucie est mineure, mais le Dufayer s'en fiche. Il prend le risque. Il la saute et il jouit de sa chaire fraîche. Dans sa chaire fraîche. La loi, il s'en fiche ! Coucherait-il aussi avec sa mère, pour satisfaire Œdipe ? Et pour finir, serait-elle inquiète ou plus encore, jalouse de Lucie, ladite mère ?

 

 

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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 09:25

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 27

 

Lucie et moi, nous sommes dans le sentiment. N’avons rien à nous dire. Avons par contre beaucoup à partager. Par des sens silencieux. Avons beaucoup à (nous) sentir.

Se cache, en faisant venir à elle le monde extérieur. Je la sens. Je la sais. Je la vis.

Elle croit s’y trouver, là, dehors.

Nous sommes tous munis d’une faculté très subtile, discrète d’infra-perception.

Je le crois. Je le sais. Je le vis.

L’être humain se heurte aux parois intérieures de la boule qui l’enveloppe. L’être humain projette sur « la vision du monde », ineffable, sublimée, invisible, illusoire, voire inexistante, ses propres désirs et valeurs, ses propres instincts. Le cas de Lucie se montre encore plus tordu que le mien. On ne peut pas regarder le monde de la même façon avec l’aide d’un œil émeraude et l’autre or. Avec cette particularité, Lucie s’est forgée une métaphore existentielle, une métaphore (de) vaironne, différente de celle du troupeau/meute : la vision reçue ne se superpose pas sur celle conçue ni sur celle voulue.

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Le voulu en étant inimaginable, impossible de l’obtenir avec des images ; le résultat en étant une vision instable et incertaine, composée. Pour simplifier, disons que le regard de Lucie et ses modalités de s’approprier le monde évoquent le regard d’une mouche, composé avec des yeux composés…

Avec ses yeux bicolores, Lucie est venue voir la mort, donc. Me voir.

Lucie la mouche !

<>

Je joue. Je joue un rôle. Le rôle du cadavre à mouches. C’est aussi ma fonction. J’apprends à la petite ce qu’est le Grand Passage, notion ambiguë, désignant tantôt le passage vers l’au-delà, tantôt le passage de l’au-delà vers ici. Bref, ma vie.

La confusion est de plus en plus présente et... active, dans ma tête au cerveau à ciel ouvert... là, ici ; « dans », « là », « ici » que je ne capte pas.

 

 

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24 novembre 2019 7 24 /11 /novembre /2019 08:05

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 26

 

Lucie capte le monde avec ses yeux vairons. Déjà avoir un œil droit et un autre gauche rend la chose compliquée. Les avoir, en plus, de couleur différente !… J’ai vu ses regards – au pluriel – sortir sous la forme de tentacules émeraude et or pour s’emparer de la réalité regardée, de moi. Elle s’emparait de moi, la petite, m’introduisait dans son intérieur. Pour m’y ruminer.

<>

Lucie, dans ma chambre single, seule, assise dans le fauteuil en métal et plastique. Me dévisage.

Me voit uniquement dans son intérieur. À l’extérieur, elle est comme aveugle à mon égard. Ce qui compte c’est ses tripes, ses agissements internes d’un noir absolu. Ça produit non pas des vues mais des visions. Digestion visuelle visionnaire.

Sa présence n'est pas désagréable. Elle contient quelque chose de bizarre. Une présence agréablement bizarre. Agréablement perverse. À son âge, avec son corps frêle, sa place n'est pas dans la chambre d'hôpital de son grand-père. Dans ma chambre. Où je me meure.

Elle est déséquilibrée, la petite. Ou bien, mon cerveau protégé par des gazes puantes disjoncte, divague, ponde des bêtises sans sens, sans raison d'être.

Mal équilibrée, la petite ! Sans raison d'être. Ce qu’elle voit pour de vrai et ce qu’elle voudrait voir ne se superposent pas.

Le monde-même est déséquilibré.

Elle voudrait voir la mort ; c'est moi qu'elle voit à sa place.

Elle avait appris que la mort existe ; on le lui avait appris.

Elle voudrait voir ce qu’elle avait appris et/ou ce que l’on lui avait appris ; elle se trouve face à une chose étrange, étrangère.

Elle se débat et se défend sans conscience contre des choses apprises et non-trouvées ; elle se trouve prisonnière de la vérité perçue/établie par ses regards tentaculaires, émeraude et or, elle se trouve connectée pour de vrai à la vraie tromperie extérieure.

<>

Elle croit identifier et vivre mon étant profond. À raison peut-être. Elle vibre lorsqu’elle touche à la mort, à moi.

C’est à elle-même qu’elle touche.

On ne touche jamais à la mort d’autrui mais uniquement à la sienne. Il n’y a pas de description interne pour la mort. Ni d’explication. Ni de réponse. Tout est singulier, individuel, personnalisé, imaginé par l’esprit strictement personnel ; un esprit opposé à la généralisation, un refuznik.

 

 

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 09:47

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 25

 

L’infirmière en chef. L’aide soignante. Moi.

Moi, en tant qu’outil de travail pour elles. Moi, en tant que justification de la stupidité. Moi, en tant que méchanceté et en tant qu’inertie. En tant qu'entropie.

Moi, en tant que spectre aux formes trompeuses, capable de vampiriser ses descendants.

Elles, en tant que manipulatrices de mon corps, le corps du Moi.

Moi, avec ce que j’ai connu en racontant l’univers avec ma vie.

Moi, j’ai beau avoir senti, ressenti, pressenti, imaginé toutes sortes de choses, j’ai beau avoir porté à ma manière vacillante et pas trop convaincante, l’histoire, la grosse, la grande, imposante, écrasante, annihilante.

Elles, dans leur âme tressaute une problématique prolétarienne, qui efface et les idéaux moraux et les impulsions religieuses et même les joies subtiles et perverses de la connaissance, pour concevoir en échange comme unique réalité valide les acquis existentiels formés par « la vie socio-économique ».

Moi, je ne suis pas encore mort. C'est pour cela que la réalité grosse de non-sens traverse mon esprit.

<>

L’odeur de l’infirmière en chef, un soupçon d’arôme chaud. Je vis l’impression d'avoir été... abusé pendant mon sommeil. Par elle. En tout cas, d’avoir été en sa compagnie pendant ce laps de temps. Elle était ici, à côté de moi, en me tenant peut-être simplement la main.

Deux mains, une de vieillard, l’autre presque, avec leur peau fanée…

Et mon crâne trépané. Et mon cerveau que je ne peux pas voir. Ni mon anus. Ni le pancréas. La rate. La flore intestinale. Mon aura. Mon futur.

<>

Je me réveillai, la petite Lucie agrippée à ma main. Comme toujours, ses yeux vairons, l’un émeraude, l’autre or, donnaient l’impression d’avoir en face de moi deux jeunes êtres. Je ne savais pas qui me regardait. Et puis ce n’était même pas la question. Elle était là et ce n’était donc pas l’infirmière en chef mais ma petite-fille qui m’envoyait des pulsions vitales dans mes os.

Impossible d'avoir une confirmation définitive.

 

 

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19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 08:39

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 24

 

La petite Lucie me rend visite. Minois asiatique adorable, des regards vairons envoûtants. Vite, elle me donne l’impression de vouloir m’avoir pour elle seule. Pour s'emparer de moi.

Il y a des sentiments dans l’atmosphère pour moi.

*

...pas responsable... ...vient me voir... ...s’inquiéter...

...toutes les éjaculations n'existent pas...

*

L’expérience accumulée est en train de pétrifier mon intérieur (on emploie aussi le terme de sclérose ; mais celui de pétrification me paraît plus approprié). On me rappelle d’une manière très vague, vaporeuse, une certitude acquise, forgée je crois dans la période prénatale mais découverte uniquement au moment de mon retour post mortem actuel. Dans les deux cas, j’ai franchi le Seuil qui sépare l’existence de l’être.

<>

L’être tue l’existence. On a dû quitter l’être pour gagner l’existence. On s’y attarderai pas. Ce n’est qu’une sensation bizarre, où le sensible se voit dépassé. Il ne s’agit pas de transcendance, déjà vécue par l’homme avec un certain succès, mais d’une immersion dans l’infra-sensible.

Je ne comprends plus le temps.

Nijinski, avant qu’il ne soit englouti par sa démence, ne comprenait plus la distance. Lui, le danseur qui sculptait de l’intérieur l’espace avec ses mouvements, avec ses distances !

Moi, c’est le temps que je ne comprends plus. Je suis confronté à une vérité hypo-materielle, au règne des forces (magnétiques, électriques, gravitationnelles, quantiques… sociales, historiques…).

La nature de ces forces m’échappe. Et si elle n’existait même pas, cette nature ?

Je ne la saisi pas. Je ne la comprends pas.

Forces, forces ! C’est quoi ? Hallucination ou pas, l’histoire me paraît la seule force capable de rendre compte de ce qu’est l’homme atemporel (anhistorique ? éternel ? ). En l’occurrence le revenant qui ne comprend plus le temps : moi.

Compliquée, car visitée en permanence (dans un éternel souci de mise à jour et de simplification), l’histoire nous décharge de l’obligation (responsabilité ?) de comprendre le monde présent, en se substituant au dit présent, en nous substituant à Dieu...

Pour une force, c’en est une !

 

 

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16 novembre 2019 6 16 /11 /novembre /2019 09:04

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 23

 

Bien sûr que j'en ai une, moi. Une aura. En tout cas, je possède un sens branché à cet extérieur approximatif. Je sens les regards posés, jetés, projetés sur moi pendant mon sommeil. Je sens tout avec mon aura. Mon aura est autant un sens qu'une émanation. Je dors, mais je sens que l’on me regarde et, en même temps je sens mon sommeil. J’introduis dans ce sommeil des éléments qui n’y trouvent pas leur place. Des fragments de vie sensorielle ordinaire. Cela rend mes rêves et, plus généralement, mon sommeil, nuisibles, souvent pathogènes. En revanche, j’introduis dans ma vie éveillée des tranches de délire vécues dans mes rêves, et plus généralement, dans mon sommeil ; des bouffées de fraîcheur, répercutées dans mon état général. Je regagne ainsi, partiellement, ma santé.

Je souffre d’un vrai déficit de vérité, moi. J’en suis malade.

*

...borne... ...l’extérieur du vouloir...

...être en vie... ...en mort...

pour tout un chacun...

...dans... ...en...

...deux êtres...

...le vrai... ...l’autre...

*

 

 

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13 novembre 2019 3 13 /11 /novembre /2019 08:33

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 22

 

La mère Dufayer essaye de nouer la conversation. Elle est entrée dans la pièce accompagnée par l’aide soignante.

Elles prennent soin de moi.

Et que je te passe l’éponge, et que je t’essuie, et que je te mets au lit, et que je t’aide à soulever les jambes, et que je te peigne, et que je vérifie la feuille de soins attachée au pied du lit et les boites de médicaments alignées sur la table de chevet. Dire qu’elles bougent pour moi. Mais, en réalité, elles s’agitent autour de moi. Si je n’existais pas, elles ne pourraient pas agir comme elles le font à présent. On appelle ça travailler.

(Le travail ! Religion moderne. La société moderne est fondée sur le chômage ! )

À leur départ, le regard de l’infirmière en chef se pose en biais sur moi : un coup de canif.

L’autre, l’aide soignante, n’est qu’un tas de hanches larges et de fesses lourdes, de « la laiterie » trémoussant sous une blouse de travail descendant jusqu'à la moitié d'un piteux pantalon marron. Elle sort de la pièce normalement, la face vers la porte, le dos vers moi.

L’infirmière, au contraire, se retire comme un sujet royal, le regard retenu par le centre du pouvoir. Pour l’occasion, le centre du pouvoir (Moi !) habite un corps agencé selon certaines lois terrestres. Il est capable de mouvement.

C’est avec le mouvements de ce corps que je dois m’exprimer. C’est mon seul outil, mon seul moyen de me manifester, de me démarquer et de me faire remarquer par les autres corps humainement habités et vaquant dans ma proximité.

Le regard coup-de-canif de la mère Dufayer prend ainsi une consistance de lumière bienfaisante. J’ai l’impression qu’elle explore mon environnement, mon aura. (En supposant que j’en aurais une, moi.)

 

 

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12 novembre 2019 2 12 /11 /novembre /2019 08:25

Quatre formes nécessaires de folie obligatoire – Mourir 21

 

La folie de Fred – que j’ai provoquée ne me touche point. (Si jamais la folie pouvait être provoquée ou, pire encore, créée. Si jamais elle n’était pas une existence primaire, fondamentale, identitaire, fondatrice.) C’est comme si j’avais un moi intérieur à une pierre, mais aussi un moi extérieur à elle.

Des questions silencieuses essaiment autour de moi. Enfants, petits-enfants, corps médical ne négligent rien, ne se privent de rien.

Je vais mourir pourtant.

Entre temps, on me force à manger, à déféquer, à dormir, à me réveiller, à subir le contrecoup dépressif de tout cela..

Je continue de consentir au monde de pénétrer en moi, que je participe de ce viol, que je contribue ainsi à sa création-même.

<>

La vieillesse est une sorte d’éjaculation. On ne peut pas la retenir à l’infini. L’éjaculation/vieillesse animalise. On s’assure de ses descendants, tout en perdant de son pouvoir auto-plastique, auto-formateur. On se fie à l’espèce impersonnelle, à sa perpétuation.

 

 

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