Alexandre Papilian

Chère Madame,

Vous avez souhaité très récemment l'instauration des jours fériés pour les fêtes juives et musulmanes.

Ma joie est indescriptible. Voilà, enfin, une idée lumineuse dans cette précampagne. Voila qui mériterait plus que pleinement de devenir Président de notre Pays, de notre Continent, de notre Globe, de Notre Univers.

Madame, si vous deveniez Présidente – serait-il uniquement de la République –, si vous transformiez votre proposition en loi, j 'ai une demande à vous faire – avec tout le respect et l'humilité que je vous dois.

- Regardez une nanoseconde dans ma direction.

Je vous demande, avec l'humilité et le respect dont je parlais tout-à-l'heure, de me permettre adopter encore onze prénoms sur mes papiers d'état civil et d'instituer pour chacun d'eux un jour férié. Et pour que la chose soit bien faite, je me permets de vous demander, en guise de « treizième moi », un jour férié pour ma date de naissance. Et puis, pour qu'on arrive au sommet de la perfection, en guise de « quatorzième mois », un jour férié pour la date où j'ai été conçu personnellement.

Si vous arriviez à accomplir cette énorme tâche, je m'engage de soulever les foules pour qu'on institue un Grand Jour Férié – d'une semaine, voire d'un mois – pour vous célébrer comme il se doit :

- Un Grand jour Férié de la Stupidité !

Le mot chômage fait peur. Pourquoi? Parce qu'on doit travailler pour gagner sa croûte. D'où l'idée que le travail aurait une « valeur ».

- Et le chômage, un contre-valeur.

Et.

Or, il n'y a rien de « valeureux » dans un travail, sacrifice de soi-même mis à part. Pour ne pas parler du chômage.

Il reste à expliquer dans ce contexte la nervosité enregistrée récemment en Occident, où nombre d'« indignés » manifestent sans qu'on sache pourquoi. 

J'ai besoin d'un nouvel ami. Peut-être d'un ami d'un type nouveau.

Il s'agit d'une personne qui serait capable de m'expliquer en quoi consiste « l'entente franco-allemande » (ou vice versa, « allemando-française »). Une personne capable de m'expliquer qu'est-ce que j'ai à faire moi même (pour n'est pas dire foutre moi-même) avec les rencontrées et les accolades de Sarkozy et Merkel. De quelqu'un capable de me dire si l'apparition d'un nouveau nom serait possible.

- Je fait référence à Merkozy.

À.

Pardon pour le barbarisme !

- Alors, des volontaires pour cette nouvelle amitié ?

Bruno Le Maire, le ministre de l'Agriculture affirme que « nous sommes en guerre contre les marchés ».

- C'est beau !

L'agriculture fait la guerre aux marchés. Il ne manquait que ça pour que le ridicule, qui ne tue personne en France, comme tout un chacun le sait plus que bien, se dévoile dans toute sa splendeur.

- Vas-y, Bruno ! Montres nous l'endroit où on doit creuser nos tranchées. Soit le commandant capable de nous diriger vers les horizons souriants de demain ! Ne nous caches surtout pas tes idées lumineuses concernant l'immanence de la guerre moderne – contre les marchés ou contre...

Franchement, c'est beau d'être ministre dans l'actuel gouvernement. Et, plus largement, en France. On peut dire en toute liberté tout ce qui, en toute liberté ou pas, nous passe par la tête.

- Ou par autre chose.

Par !

Des expressions souvent utilisées par les politiques français : « les français veulent », « les français savent », « les français ne sont pas dupe » …

- Comme si les politiques en question (tous !) ne feraient pas du corps de français.

Comme. Si.

- Comme si.

En tout cas, on peut se poser la question, non ?

- Ou comme si.